vendredi 18 mai 2012

Remerciements de la CGT à tous les soutiens

A toute la CGT et à toutes les personnes solidaires.

Depuis la Fédération locale des syndicats de la CGT de Barcelone, nous voulons vous remercier pour toutes les démonstrations de solidarité, d’affection et d’attachement que vous nous avez fait parvenir depuis l’annonce de l’incarcération de notre compagne et Secrétaire d’Organisation Laura Gómez. Ces lignes n’auraient jamais dû être écrites pour la simple raison que tout ce processus contre notre camarade est un non-sens depuis le début. Il s’agit d’une attaque directe contre notre Organisation qui a prouvé grâce à ses adhérents que tous ces policiers, juges et hommes politiques n’ont pu étouffer le cri de « Liberté pour Laura ».
Nous voulons dire merci pour toutes les initiatives qui ont permis de lancer ce cri contre ceux qui l’ont séquestrée, pour toutes les actions où Laura a été présente dans le cœur de celles et ceux qui y ont participé. Ce cri a été l’arme que la CGT a utilisé pour dénoncer l’acte le plus misérable et abject qu’un état de droit, bien mal nommé, puisse réaliser contre une personne : la priver de sa liberté.
Notre Organisation a des principes très clairs, comme la solidarité et l’entraide, et avec Laura nous avons démontré qu’il ne s’agit pas de mots vides de sens, mais de principes uniques en leur genre, qu’aucun de ses kidnappeurs ne ressentira jamais. Laura le sait, et l’a ressenti dès le premier instant, malgré tous les barreaux posés entre elle et sa famille ; il nous reste à dire que si Laura savait qu’au dehors il y avait des gens qui l’attendaient, c’était grâce à toutes les démonstrations (de solidarité) que vous nous avez témoignées et dont nous informerons Laura dès qu’elle sera parmi nous.
Nous avons atteint notre premier objectif qui était de sortir Laura de prison, mais ce n’est pas fini, il faut savoir que l’accusation réclame jusqu’à 36 ans de prison, ce qui fait que nous continuerons de nous mobiliser pour Laura, et pour d’autres comme Isma, Javi et Dani ainsi que pour tous ceux qui ont été détenus puis remis en liberté avec des charges qui pèsent sur eux depuis la grève générale du 29 mars.

Recevez notre salut libertaire.

CGT Barcelona
Barcelone, le 17 mai 2012
(Traduction : groupe Salvador-Segui de la FA)

Laura Gómez libérée !

La CGT (espagnole) se réjouit de la libération de notre camarade après 23 jours de prison suite à une arrestation tout à fait arbitraire qui a donc débouché sur une sanction absolument disproportionnée, malgré les centaines d’images qui contredisent la version des mossos (flics catalans-NdT), et donc aussi la décision du Ministère public de condamner Laura à la prison sans caution.

Le 24 avril Laura Gómez fut arrêtée et le 25 elle était emprisonnée pour avoir participé à une action symbolique consistant à brûler une caisse en carton devant la Bourse de Barcelone. Puig (1) a voulu frapper fort en employant tous ses moyens répressifs, corps armés, Ministère public et juges, contre quelqu’un qui ne se cache pas, qui agit au grand jour, qui n’a fait de mal à personne et qui mène une existence routinière qui rend facile sa localisation.

La CGT considère que brûler des cartons remplis de papier dans un endroit à découvert sans risque pour qui que ce soi, n’est pas un délit, mais un moyen symbolique et pacifique de protester. Pour autant si ce motif retenu pour envoyer Laura en prison devient la norme, et vu la façon dont on traite la résistance passive aux actions policières, il va falloir agrandir les prisons, et pas qu’un peu.

Les centrales syndicales CGT, CC.OO, UGT, USO, CNT-AIT, Conf. Intersindical, Solidaridad Obrera, CSC, ont signé un manifeste pour la liberté de Laura et contre la répression. La Commission de défense de l’association des avocats de Barcelone a également déclaré qu’elle considérait, entre autres arguments juridiques, excessive la détention sans condition.

Ce que nous considérons nous comme étant un délit, ce sont les transactions financières avec l’argent public effectuées par l’Etat vers les banques. N’oublions pas que les banques sont des entreprises privées et que leur avidité qui les a amené à réaliser des affaires dans l’immobilier et avec des produits financiers plus que douteux, a créé cette crise que nous subissons. Elles sont traitées de manière privilégiée par tous les hommes politiques, sans doute pour pouvoir ensuite annuler leurs dettes qui se chiffrent en millions.

N’y a-t-il pas de juges et de procureurs pour considérer qu’il peut y avoir des délits de subornation, corruption et malversations ? Combien de responsables  de la crise sont en prison ? Combien de ceux qui ont créé l’instabilité sociale dans des millions de foyers en plongeant les gens dans la précarité et l’exclusion sont en prison préventive ? C’est pour cela que nous disons que la justice n’est pas la même pour tous, et que les juges se comportent différemment suivant la classe sociale des personnes qu’ils ont devant eux.

La CGT pense que les pressions politiques commencent à produire leur effet, au tribunal comme au Ministère public, quand on voit qu’une personne sans antécédents judiciaires, ayant un domicile fixe, un emploi stable, une fille qui vit avec elle, est soupçonnée de tenter de fuir et de récidiver avant même d’être jugée et condamnée. Ces critères ne s’appliquent pas aux banquiers, ni aux hommes politiques soupçonnés par la brigade anti-corruption : on les laisse en liberté. Nous nous interrogeons réellement sur la dite « indépendance de la justice » par rapport aux autres pouvoirs dans un « Etat de droit » bien mal nommé. Qu’on nous explique pour que l’on puisse comprendre, pourquoi Millet (2) n’est resté que 13 jours en prison, et que Urdangarín et Torres (3) n’y ont même pas séjourné.

A la CGT, nous nous demandons : à quand une justice spéciale qui enquête sur les banquiers, les hommes politiques corrompus et les chefs d’entreprises qui ont provoqué la crise qui entraîne des millions de personnes vers l’exclusion sociale et la misère ? A quand un site web diffusant les photos des délinquants en cols blancs qui sont actuellement traités comme des princes par les pouvoirs publics ? A quand un site web avec les photos des mossos (flics catalans-NdT) qui ont blessé des citoyens par balles en caoutchouc et à coups de matraque. Monsieur Puig (1), c’est ça la violence, et vous la justifiez toujours.

Nous considérons que cet emprisonnement est une vengeance de la part du gouvernement de la Generalitat et de sa force armée. Ils n’ont pas pu digérer le fait que le jour de la grève générale, la CGT avec d’autres organisations, ait réussi à rassembler le matin plus de 15 000 personnes dans le centre-ville et l’après-midi, plus de 50 000. Le but des autorités est de faire peur pour que nous ne nous mobilisions pas et que nous acceptions sans broncher leurs mesures économiques, et pour ça elles ont besoin d’inventer une image d’éléments violents qui est complètement fabriquée.

A la CGT, soyez-en sûrs, nous continuerons des descendre dans la rue, en manifestant comme le firent nos anciens, pour la liberté et une société plus juste, nous continuerons de combattre les injustices, nous ne permettrons pas que vous nous renvoyiez aux conditions de travail du XIXe siècle, comme vous en avez l’intention, vous les banquiers et les politiciens.

Assez de répression.

Carlos Navarro
CGT- Presse Barcelone
(Traduction : groupe Salvador-Segui de la FA)

1. Felip Puig : ministre de l’Intérieur du gouvernement de la Generalitat
2. Felix Millet : entrepreneur (aux multiples décorations) accusé de détournement dans la gestion du Palais de la Musique.
3. Iñaki Urdangarín : gendre du roi Juan-Carlos et Diego Torres : entrepreneur, tous deux associés et accusés de détournement de fonds publics (plusieurs millions).

jeudi 17 mai 2012

Manifs et répression en Espagne

Dans la péninsule Ibérique
La crise continue de faire des ravages en Espagne. Les files d’attente devant les bureaux équivalant à notre Pôle emploi n’en finissent pas de s’allonger. Désormais, avec près de 6 millions de chômeurs, c’est un travailleur sur quatre qui est sans emploi (un sur deux chez les jeunes). Ce qui n’empêche pas le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, d’enfoncer le clou : « Chaque vendredi [jour de réunion du Conseil des ministres], les « réformes » continueront d’être décidées car le problème c’est la crise, le chômage et la récession. » Il a juste oublié de préciser qui était responsable de cette crise, du chômage et de la récession : les politiques ? Les marchés financiers ? Puisqu’on leur demande de payer cette crise, il faut croire que les responsables sont les travailleurs. Et Rajoy de désigner l’ennemi : les syndicats, accusés « d’insolence et de causer des troubles dans la rue ». À gauche, Rubalcaba, secrétaire général du PSOE s’est dit lui, persuadé que François Hollande serait le nouveau président élu par les Français, « ce qui permettra en Europe d’ouvrir la voie à des politiques alternatives mettant fin aux coupes budgétaires ». Voilà donc les Espagnols rassurés (et nous aussi !).
Nous pensons au contraire que, comme on a pu le constater ces quarante dernières années, en Espagne comme en France, gauche ou droite ne remettent absolument pas en cause le capitalisme, mais ne s’opposent que pour obtenir la gestion de celui-ci, se préoccupant plus des intérêts des possédants que de ceux des travailleurs. Au-delà des Pyrénées, chaque nouvelle mesure annoncée, non seulement n’indique pas une sortie de crise pour le pays, mais enfonce un peu plus chaque jour ses habitants dans la précarité et la pauvreté. À tel point que la seule solution envisagée par beaucoup d’Espagnols (notamment les jeunes) est celle de leurs compatriotes dans les années cinquante et soixante : l’exil économique. Mais ceux qui restent se prennent en pleine face les nouvelles « réformes » qui s’attaquent à la législation du travail (conditions d’embauche, de licenciement, fixation des salaires). Pour plus de détails de ces conditions, on peut se reporter au Monde libertaire n° 1667 (5-11 avril 2012) ou au Combat syndicaliste n° 368 (mai 2012).

En Catalogne

Cette situation avait suscité de nombreuses actions unitaires des organisations anarcho-syndicalistes (CNT, CGT, Solidaridad Obrera) qui ont appelé à deux grèves générales ces derniers mois. Devant les attaques répétées du gouvernement contre la classe ouvrière en cent jours d’exercice du pouvoir, les syndicats institutionnels suspendent leur politique de concertation et de signature d’accords avec les gouvernements qui se sont succédé ces quarante dernières années et ont appelé, eux aussi, à la grève générale le 29 mars dernier. Réponse (sans imagination) du pouvoir : criminalisation des opposants à la politique gouvernementale. De nombreuses arrestations ont eu lieu pendant cette journée de grève, dont celle de Laura Gómez, secrétaire d’organisation de la CGT de Barcelone. Deux organisations professionnelles de la justice, Juges pour la démocratie (JD) et Union progressiste des magistrats (UPF), ont dénoncé le fait que les mesures actuellement imposées par le gouvernement contre les désordres de rue n’ont pour autre but de dissuader la population de manifester et, ensuite, de réduire les droits fondamentaux prévus par la constitution. La preuve en est le nombre élevé d’arrestations au cours de cette grève du 29 mars dernier et la condamnation, dans la foulée, de Laura Gómez, secrétaire de la Fédération locale de la CGT de Barcelone. Condamnation injustifiée décidée par la juge d’instruction du tribunal, qui a même rejeté toute demande de libération sous caution. Le crime de Laura ? Avoir participé, avec d’autres, à une action symbolique : mettre le feu à des cartons remplis de (faux) billets de banque devant la Bourse de Barcelone. Ce qui donne en langage pénal : « participation à incendie, dégâts, troubles à l’ordre public et [encore plus fort] atteinte aux droits fondamentaux » !
Le gouvernement de la Generalitat et ses forces répressives n’ont visiblement pas digéré le fait que les anarcho-syndicalistes aient réussi à mobiliser jusqu’à 50 000 personnes à Barcelone ce 29 mars. La manœuvre est claire : il s’agit d’intimider les citoyens afin de les dissuader de contester les mesures économiques imposées par les autorités politiques. La CGT espagnole exige la libération immédiate de Laura Gómez et s’étonne qu’il n’y ait pas eu, à ce jour, d’enquête spéciale sur les banquiers, hommes d’affaires et politiciens corrompus 1, qui ont amené l’Espagne à la situation catastrophique qu’elle connaît aujourd’hui. Dans son tract du 1er mai, elle rappelle qu’aucun des droits concédés jusqu’à maintenant n’a été donné, mais qu’il a fallu se battre pour les obtenir : « Nous les travailleurs, femmes et hommes, les classes populaires, les organisations sociales, le mouvement des étudiants et de la jeunesse, les assemblées populaires, le 15 M, le mouvement des quartiers, les plates-formes des locataires expulsés, les assemblées de chômeurs… Nous sommes les protagonistes de la nouvelle société que nous voulons construire sur une base de justice sociale, de liberté, de participation, d’égalité, d’entraide et d’autogestion. Nous devons travailler ensemble pour atteindre ces objectifs. » On ne saurait mieux dire.
Le 1er mai, des centaines de milliers de manifestants ont défilé dans une soixantaine de villes, sur le thème « Travail, dignité, droits ». Pour les tenants du pouvoir, réactiver l’économie consiste à augmenter la misère et la précarité, en supprimant des postes, en baissant les salaires et les prestations, en réduisant les droits. Au lieu de taxer les transactions financières, ils augmentent les impôts payés par les travailleurs, continuent jour après jour leur entreprise de démolition des services publics, en accentuant les privatisations et en réduisant prestations et pensions. Devant l’obstination et l’intransigeance des dirigeants du pays, nos camarades espagnols veulent non seulement maintenir la mobilisation, mais l’intensifier, aller vers une nouvelle grève générale « mieux préparée, plus puissante, jusqu’à la suppression de toutes les mesures d’austérité ». La politique de concertation suivie jusqu’à maintenant par les syndicats institutionnels a fait long feu. L’heure est venue d’affronter directement un système qui veut supprimer les droits les plus essentiels des travailleurs.

En Andalousie

Après avoir évoqué plus haut la répression en Catalogne dont est victime, entre autres, Laura Gómez, retournons un peu en Andalousie, à la finca Somonte de Palma del Río dont nous vous avons déjà parlé 2. Depuis le 4 mars dernier, les terres de ce domaine agricole de 400 hectares appartenant à la Junta de Andalucía (gouvernement autonome andalou) étaient occupées par des travailleurs agricoles journaliers qui s’opposaient à la vente de ce domaine à des intérêts privés. Ils étaient appuyés, dans cette action, par le SOC (Syndicat des ouvriers agricoles), qui pratique régulièrement l’action directe. En conséquence de quoi les occupants « sauvages » ont immédiatement commencé à cultiver les terres du domaine, avec l’aide d’autres journaliers des environs, assurant leur autoconsommation et le ravitaillement de la commune, renouant ainsi avec les collectivisations de la révolution de 1936 : fonctionnement collectif, assemblées générales quotidiennes pour prendre toutes les décisions et organiser le fonctionnement des différentes commissions créées (repas, nettoyage, communication avec les médias, logistique, etc.), réflexion sur un projet de coopérative de résistance permettant d’assurer les besoins de celles et ceux qui sont frappés par la crise dans la région. Le gouvernement autonome andalou vient d’être réélu (25 mars) et, contrairement à la plupart des autre régions d’Epagne, il est resté aux mains des socialistes du PSOE, alliés aux écologistes et communistes de Izquierda Unida (Gauche unie), équivalent, ou à peu près, de notre Front de gauche hexagonal. Autre gouvernement qu’à Madrid ou Barcelone donc, mais réponse aux opposants identique : la matraque. L’une des premières mesures prises par la Junta a été de confirmer la vente aux enchères du domaine et de décider l’expulsion – musclée – des journaliers installés dans la finca. Comme dans les années trente, aux revendications des paysans – « La terre à ceux qui la travaillent ! » ou « Terre et liberté ! » –, les autorités répondent : la terre aux riches et la liberté… de se faire exploiter aux pauvres. Sauf que, cette fois-ci, les autorités ne sont pas de droite ni fascistes, mais… de gauche. Un million de chômeurs andalous peuvent ainsi apprécier la gestion économique de cette gauche qui n’hésite pas à donner des gages de bonne volonté à la classe possédante. Des illusions, personne n’en avait sur le PSOE que le mouvement de Indignés, il y a bientôt un an, avait dénoncé. Quant à Izquierda Unida, les Indignés qui ont voté pour eux n’ont plus qu’à s’indigner davantage de ce que permet de faire en leur nom un parti censé les représenter, parce que « petit ».
Grand ou petit parti, une seule aspiration : être aux affaires et gérer le capitalisme. Pour les exploités, un seul intérêt : en finir avec le système capitaliste. 

Ramon Pino
Groupe Salvador-Segui de la FA

1 . Manifeste de la CGT Prensa – Barcelona el Vie du 27 avril 2012.
2 . Voir Le Monde libertaire n° 1666 (29 mars- 04 avril 2012).

vendredi 11 mai 2012

Communiqué de la CNT en solidarité avec les emprisonnés du 29 mars

La CNT de Barcelone est solidaire des citoyens arrêtés et du reste des travailleurs et jeunes, catalans et navarrais arrêtés par la police ces dernières semaines. Nous apportons également notre soutien à la Secrétaire d’organisation de la CGT de Barcelone arrêtée le 25  mars 2012. Nous estimons que ces arrestations obéissent à des directives strictement politiques, qui portent atteinte aux plus élémentaires garanties démocratiques que l’on peut exiger dans un Etat qui se dit de droit. Nous sommes devant un système politique qui a l’intention de punir la jeunesse et les travailleurs de Barcelone, de Catalogne et du reste du pays, parce qu’ils sont descendus dans la rue pour mettre fin à la Réforme du travail, et dire non aux coupes budgétaires et au chômage. Un système faisant partie d’une stratégie globale visant à criminaliser le mouvement syndical et populaire de Catalogne, détournant la population touchée par les mesures économiques, des problèmes réels et de la façon d’y faire face.
La CNT de Barcelone exige la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées suite à la grève du 29 mars, ainsi que l’abandon des charges contre celles et ceux qui ont été arrêtés lors des dernières opérations de police. Nous exigeons que les responsables politiques du Ministère de l’Intérieur assument leur responsabilité pour le tort causé et pour l’instabilité sociale dans laquelle ils plongent cette ville et la Catalogne.
Ils ne pourront pas nous dévier de notre route.

Confédération nationale du travail de Barcelone
(Traduction : groupe Salvador-Segui de la FA)

Manifeste pour la liberté de Laura Gómez

Les organisations signataires, défendant une société libre, démocratique, garantissant les droits des individus, des travailleuses et des travailleurs, EXIGENT la liberté immédiate sans condition de Laura Gómez Secrétaire d’organisation de la Fédération locale de la CGT de Barcelone.
Les « graves délits » dont on l’accuse sont d’avoir participé le 29 mars, jour de la grève générale, à une mise en scène symbolique au cours de laquelle furent brûlées quelques caisses remplies de papier.
Le développement de l’affaire puis l’emprisonnement de Laura pour avoir participé à la mobilisation à l’occasion de la grève générale, sont absolument disproportionnés.
Les accusations répondent uniquement à une stratégie de persécution contre toute opposition syndicale, sociale ou politique. Il s’agit d’une accumulation de mensonges et de manœuvres visant à justifier la détention préventive.
L’unique, la véritable raison pour laquelle Laura est détenue, c’est parce qu’elle est syndicaliste, militante sociale, combattante contre le système capitaliste qui nous exploite, qu’elle refuse de vivre à genoux. Le gouvernement veut infliger des sanctions publiques pour se sentir fort, et pour ça il passe au-dessus du droit aux libertés individuelles. Le cas de Laura est un exemple des abus de ce gouvernement.
Nous exigeons la liberté immédiate de Laura Gómez et nous dénonçons les responsables politiques qui sont en train de créer un climat autoritaire afin d’en finir avec les droits et les libertés de la population, des travailleuses et des travailleurs, de criminaliser, d’effrayer, d’intimider toute la population, d’attaquer directement les organisations qui ont choisit de lutter, de résister, de se défendre.
Avec Laura, il y a eu beaucoup de personnes arrêtées ces jours-ci à Barcelone, Valence, Madrid, Tarragone etc., toutes pour avoir participer à la grève générale du 29 mars, usant ainsi du libre exercice du droit fondamental de grève.
Nous exigeons l’abandon définitif des charges contre toutes les personnes détenues.

CGT – CC.OO de Catalogne – CI – CNT de Catalogne et des Baléares –Intersyndicale CSC – Intersyndicale Alternative de Catalogne – UGT de Catalogne – Solidaridad Obrera – USO de Catalogne
(Traduction : groupe Salvador-Segui de la FA)

mercredi 9 mai 2012

Trois grévistes du 29M libérés, Laura toujours enfermée

Le tribunal de Barcelone ordonne la libération sans caution de trois grévistes détenus depuis le 29 mars.
Grosse bagarre judiciaire entre le Tribunal de Barcelone et la Chambre n°18 du Palais de justice. Une fois terminé le sommet de la Banque centrale européenne, et donc aussi les énormes pressions politiques exercées par le Ministère public, la Chambre d’accusation qui avait ordonné la prison préventive pour Javi, Isma et Dani, a entamé une lamentable course contre la montre pour tenter de démontrer sa bonne praxis judiciaire.
Dès la première heure, quand la rumeur laissait entendre que le Tribunal de Barcelone était sur le point de faire libérer les trois grévistes détenus depuis le 29 mars, la juge Carme García a rédigé un acte de libération et l’a fait « fuiter » vers un journal pour signifier que c’était elle l’artisan de cette libération. A la  même heure, la huitième section du Tribunal de Barcelone émettait un acte de mise en liberté beaucoup plus sérieux, mettant l’accent sur les contradictions de certains raisonnements soi-disant juridiques que Carme García a fait valoir durant le mois passé, pour imposer et maintenir la prison préventive.
De plus l’instance régionale (Tribunal de Barcelone), ordonne la liberté sans caution d’aucune sorte, alors que la señora García exigeait récemment par écrit une caution devant s’élever entre 3 000 et 6 000 euros pour chacun des trois détenus. De nombreux membres des familles et amis des grévistes se sont déjà rendus aux prisons de Can Brian et Quatre Camins pour les accueillir à leur sortie de ces pénitenciers. L’heure exacte n’est pas connue, mais ce sera dans l’après-midi …
Laura Gómez, Secrétaire d’organisation de la CGT, est toujours détenue à Wad-Ras (Poblenou), la Chambre d’accusation n° 23 qui a ordonné sa détention préventive, devra se prononcer sur son sort dans les prochains jours.

Jesús Rodríguez 
(pour La Directa)
(Traduction : groupe Salvador-Segui de la FA)

Au sujet de notre fragilité

Laura a été arrêtée dans la rue alors qu’elle se rendait à son travail. Le jour suivant elle a été déférée devant la justice. Ce qui ne devait être qu’une simple formalité pour la libération d’une personne sans antécédent judiciaire d’aucune sorte, s’est transformé en décision de justice l’envoyant en prison préventive. Finalement, Laura a été accusée de trouble à l’ordre public, incendie, participation à actions collectives, atteinte aux droits fondamentaux et actes de violence contre la propriété privée. Tout sauf l’assassinat de Kennedy. Sur la tête de Laura pèse pour le moment la menace d’une condamnation pouvant aller jusqu’à vingt ans de prison.
Le délit de Laura, assimilé par la justice à un acte de terrorisme (par la qualification de sa nature et la peine encourue), consiste à avoir participé, lors de la grève générale du 29 mars à une manifestation spontanée de plusieurs milliers de personnes. Au passage de la manifestation devant la Bourse de Barcelone, Laura et d’autres citoyens se sont approchés de l’entrée principale. Là, avec les précautions d’usage, ils ont déposé une petite caisse en carton remplie de papiers (représentant des billets de banque). Et ils  l’ont brûlée en un acte symbolique. Personne ne cachait son visage. Il n’y avait rien à cacher. Ce n’était pas la nuit. On voyait ce qu’il se passait. Une femme avec une caisse en carton. Des dizaines de membres de la presse présents ont photographié la scène en toute tranquillité. La police déployée, très entraînée depuis un an, n’est pas intervenue, estimant ne pas avoir de motif de le faire. Postérieurement à ce fait, plusieurs personnes brisèrent des vitres. Ce n’est pas la première fois –ni la plus violente- que la Bourse de Barcelone, à qui il reviendrait meilleur marché de remplacer la porte par un rideau de fer, subit des dégradations sur sa porte d’entrée au cours de ces derniers mois de violence financière. Pour maintenir Laura en prison, il fut évoqué des phénomènes paranormaux comme la récidive délictueuse – un exotisme juridique pour quelqu’un qui n’a pas d’antécédents – ou comme le risque imminent de fuite – Laura vit seule avec sa fille et possède un emploi stable - . De plus, peu de jours après son emprisonnement, elle a été transférée loin de la ville où vivent sa famille et ses amis, de façon surprenante et arbitraire. Le ministre de la justice a reconnu que pour maintenir Laura en prison – ainsi que Dani et Isma  citoyens barcelonais arrêtés le matin du 29 mars pour des faits survenus l’après-midi – il avait été nécessaire de « forcer l’ordonnance judiciaire ». Et forcer ces choses là consiste à les priver de sens. Ça consiste à être du non-sens. Ça consiste à revenir à une vision de l’emprisonnement caractéristique des décennies passées. Ça consiste à constater, brusquement, la situation fragile dans laquelle se trouvent les droits civiques. Ça consiste enfin à constater la fragilité tout court. Et tout cela nous oblige à parler de notre fragilité. Laura est Secrétaire d’organisation de la CGT de Barcelone. Et elle est anarchiste, l’anarchie étant par tradition hégémoniquement non-violente – la non-violence est née de la correspondance d’idées d’un anarchiste russe, Tolstoï, et d’un avocat indien, Gandhi – tradition fragile qui requiert la pratique personnelle, collective et volontaire de la liberté.
Pour toutes ces raisons, Laura est fragilité. Mais ce n’est pas la seule fragilité existant. Depuis un an, de larges couches de la société sont descendues dans la rue, tels les Indignés, organisés de manière horizontale, sans violence. Nous avons vu dans le visage des autres, notre visage fragile. Et nous avons protesté. Nous protestons parce que la seule valeur qu’on nous reconnaît est celle d’être des marchandises, parce que la pression qu’exercèrent en leur temps nos parents et grands-parents a été dissipée, de telle manière qu’aujourd’hui, nous sommes beaucoup plus fragiles. Notre travail, notre maison, notre école, notre nourriture, notre santé, notre accession à la démocratie, notre avenir, notre vieillesse, notre relation avec la loi, sont pure fragilité. Tous ensemble, nous valons moins que d’autres choses plus solides, comme un bureau, un carton rempli de papiers, une porte en verre de la Bourse. Nous ne vivons qu’une seule fois, nous sommes absolument fragiles, et nous ne pouvons profiter de cela, mais au contraire en avoir peur. Nous sommes des milliers, des millions de personnes fragiles dans la rue. Nous ne nous distinguons pas. Le fait qu’on ait décidé d’arrêter Laura, d’arrêter une anarchiste est anecdotique. Laura est une partie de notre fragilité si grande, que Laura pourrait être n’importe lequel (laquelle) d’entre nous.
Défends la fragilité de Laura. Défends la tienne. Qu’ils ne s’avisent pas de toucher un seul d’entre nous. La liberté de Laura est la tienne. Bats-toi pour les deux. Lutte contre la violence faite à la fragilité. Lutte contre la violence judiciaire. Ensemble continuons d’être fragiles mais non faibles.

Guillem Martínez
(pour Nodo 50)
(Traduction : groupe Salvador-Segui de la FA)