La CGT (espagnole) se réjouit de la libération de notre
camarade après 23 jours de prison suite à une arrestation tout à fait
arbitraire qui a donc débouché sur une sanction absolument disproportionnée,
malgré les centaines d’images qui contredisent la version des mossos (flics
catalans-NdT), et donc aussi la décision du Ministère public de condamner Laura
à la prison sans caution.
Le 24 avril Laura Gómez fut arrêtée et le 25 elle était emprisonnée
pour avoir participé à une action symbolique consistant à brûler une caisse en
carton devant la Bourse de Barcelone. Puig (1) a voulu frapper fort en
employant tous ses moyens répressifs, corps armés, Ministère public et juges,
contre quelqu’un qui ne se cache pas, qui agit au grand jour, qui n’a fait de
mal à personne et qui mène une existence routinière qui rend facile sa
localisation.
La CGT considère que brûler des cartons remplis de papier
dans un endroit à découvert sans risque pour qui que ce soi, n’est pas un
délit, mais un moyen symbolique et pacifique de protester. Pour autant si ce
motif retenu pour envoyer Laura en prison devient la norme, et vu la façon dont
on traite la résistance passive aux actions policières, il va falloir agrandir
les prisons, et pas qu’un peu.
Les centrales syndicales CGT, CC.OO, UGT, USO, CNT-AIT,
Conf. Intersindical, Solidaridad Obrera, CSC, ont signé un manifeste pour la
liberté de Laura et contre la répression. La Commission de défense de
l’association des avocats de Barcelone a également déclaré qu’elle considérait,
entre autres arguments juridiques, excessive la détention sans condition.
Ce que nous considérons nous comme étant un délit, ce sont
les transactions financières avec l’argent public effectuées par l’Etat vers
les banques. N’oublions pas que les banques sont des entreprises privées et que
leur avidité qui les a amené à réaliser des affaires dans l’immobilier et avec
des produits financiers plus que douteux, a créé cette crise que nous
subissons. Elles sont traitées de manière privilégiée par tous les hommes
politiques, sans doute pour pouvoir ensuite annuler leurs dettes qui se
chiffrent en millions.
N’y a-t-il pas de juges et de procureurs pour considérer
qu’il peut y avoir des délits de subornation, corruption et
malversations ? Combien de responsables de la crise sont en prison ? Combien de ceux qui ont
créé l’instabilité sociale dans des millions de foyers en plongeant les gens
dans la précarité et l’exclusion sont en prison préventive ? C’est pour
cela que nous disons que la justice n’est pas la même pour tous, et que les
juges se comportent différemment suivant la classe sociale des personnes qu’ils
ont devant eux.
La CGT pense que les pressions politiques commencent à
produire leur effet, au tribunal comme au Ministère public, quand on voit
qu’une personne sans antécédents judiciaires, ayant un domicile fixe, un emploi
stable, une fille qui vit avec elle, est soupçonnée de tenter de fuir et de
récidiver avant même d’être jugée et condamnée. Ces critères ne s’appliquent
pas aux banquiers, ni aux hommes politiques soupçonnés par la brigade
anti-corruption : on les laisse en liberté. Nous nous interrogeons
réellement sur la dite « indépendance de la justice » par rapport aux
autres pouvoirs dans un « Etat de droit » bien mal nommé. Qu’on nous
explique pour que l’on puisse comprendre, pourquoi Millet (2) n’est resté que
13 jours en prison, et que Urdangarín et Torres (3) n’y ont même pas séjourné.
A la CGT, nous nous demandons : à quand une justice
spéciale qui enquête sur les banquiers, les hommes politiques corrompus et les
chefs d’entreprises qui ont provoqué la crise qui entraîne des millions de
personnes vers l’exclusion sociale et la misère ? A quand un site web
diffusant les photos des délinquants en cols blancs qui sont actuellement
traités comme des princes par les pouvoirs publics ? A quand un site web
avec les photos des mossos (flics catalans-NdT) qui ont blessé des citoyens par
balles en caoutchouc et à coups de matraque. Monsieur Puig (1), c’est ça la
violence, et vous la justifiez toujours.
Nous considérons que cet emprisonnement est une vengeance de
la part du gouvernement de la Generalitat et de sa force armée. Ils n’ont pas
pu digérer le fait que le jour de la grève générale, la CGT avec d’autres
organisations, ait réussi à rassembler le matin plus de 15 000 personnes
dans le centre-ville et l’après-midi, plus de 50 000. Le but des autorités
est de faire peur pour que nous ne nous mobilisions pas et que nous acceptions
sans broncher leurs mesures économiques, et pour ça elles ont besoin d’inventer
une image d’éléments violents qui est complètement fabriquée.
A la CGT, soyez-en sûrs, nous continuerons des descendre
dans la rue, en manifestant comme le firent nos anciens, pour la liberté et une
société plus juste, nous continuerons de combattre les injustices, nous ne
permettrons pas que vous nous renvoyiez aux conditions de travail du XIXe
siècle, comme vous en avez l’intention, vous les banquiers et les politiciens.
Assez de répression.
Carlos Navarro
CGT- Presse Barcelone
(Traduction : groupe Salvador-Segui de la FA)
1. Felip Puig : ministre de l’Intérieur du gouvernement de
la Generalitat
2. Felix Millet : entrepreneur (aux multiples décorations)
accusé de détournement dans la gestion du Palais de la Musique.
3. Iñaki Urdangarín : gendre du roi Juan-Carlos et Diego
Torres : entrepreneur, tous deux associés et accusés de détournement de
fonds publics (plusieurs millions).